Bonjour,
Je m'interroge beaucoup sur la conception de mes scénarii, quel public faut-il inviter, est-ce trop grave ou pas assez ? Tout ça. Et à plus forte raison que j'éprouve une fascination pour les univers sombres (Cthulhu, survival horror, dark fantasy, etc.). Et je souhaiterai mettre le jeu "à part" un maximum, minimiser l'aspect statistique (exemple : les pvs restants sont inconnus des joueurs, mais connu du MJ et ils auront simplement des description de leur état s'il le demande), favoriser la spontanéité de la prise d'action (exemple : si une action est bien senti dans le moment, pas de jet de dé de la part du joueur, ou alors si une tirade est particulièrement brillante pour convaindre un PNJ), afin qu'il n'y ait que de l'immersion totale (ambiance visuelle et sonore, accessoires mis en avant). A faire ce genre de choses, je pense qu'on influence sérieusement l'impact psychologique de l'histoire sur les joueurs et leurs personnages (contre-exemple parfait : tu fais du Cthulhu, y'a pleine lumière dans la salle, t'es tellement sûr de mourir que tu t'autorises à faire n'imp'). Cependant, c'est quelque chose aussi de risqué, donc j'en viens à ma question.
Avez-vous connu des expériences psychologiques en terme de JdR que vous avez refusé, que c'était trop, que vous préféreriez oublier ? Ou, au contraire, avez-vous apprécié être chamboulé(e) lors de vos parties afin d'en faire parfois des cauchemars la nuit qui suit ?
Les limites, vos pires expériences ?
Modérateur : Taverne Production
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Heu...Si c'est ça ou que c'est arrivé à quelqu'un que tu connais, vaut mieux arrêter de jouer. Le JDR est un moment de plaisir: c'est pas un stage commando ou un moment de torture psychologique. Si je sens autour de ma table que quelqu'un décroche ou que ce qui se passe in game l'atteint en profondeur, j'arrête la séance de suite. C'est pas le but (Ca arrive très rarement ceci dit).Vespéral a écrit :Avez-vous connu des expériences psychologiques en terme de JdR que vous avez refusé, que c'était trop, que vous préféreriez oublier ? Ou, au contraire, avez-vous apprécié être chamboulé(e) lors de vos parties afin d'en faire parfois des cauchemars la nuit qui suit ?
Pour ce que tu disais dans ta première partie, tout est question de contrat social: si tu préviens tes joueurs dès le début que le scénario/campagne que tu vas faire sera éprouvant, dégueulasse, qu'il y aura des mutilations et des sectes sataniques mangeuses d'enfants, tout est ok (Voir Don Cortisone et sa campagne COPS où il dit d'emblée que ça va pas être Calinours et compagnie...Même si la référence à Police Academy me fait craindre le pire! ).
Le système "je ne vous dis pas vos points de vie" notamment dans les jeux d'horreur est super casse gueule parce qu'il t'oblige à surveiller le compteur de points de chacun de tes personnages tout en insistant lourdement dès que l'un d'eux tombe dans le rouge et en multipliant les descriptions (Voir à ce titre les descriptions de Stephen King ou Clive Barker jamais avares quand il s'agit de décrire ce qu'il se passe dans la tête de quelqu'un sur le point de mourir). Mais si tu arrives à gérer, ça peut faire quelque chose de bien (Et ça évite les "ha mince t'es mort? Mais mon shoggot ne faisait que +10d6 aux dégâts pourtant! )
Re: Les limites, vos pires expériences ?
Merci de ta réponse !
Alors, pour le coup, il ne s'agit pas de vouloir traumatiser des joueurs en leur proposant une expérience avec laquelle ils ne sont pas d'accords. Je pense que c'est le rôle du MJ de prévenir ses joueurs vers quoi ils s'engagent et ce que ça implique, que ça soit pour du sombre ou pas (quand tu te prépares pour du Cthulhu et qu'on t'annonce du Naheulbeuk bien trollesque, tu dois bien faire la gueule). Le but de ma question était justement de recenser des cas où ça arrive afin d'éviter ce genre de travers, comment ça s'est passé, pourquoi, était-ce seulement du fait du MJ ou non, si c'était en lien avec des thèmes précis (la violence, la spiritualité, la sexualité, la torture, etc.), etc etc. ça me permet d'avoir une certaine base de connaissances qui me mettrait en alerte sur certaines choses à clarifier très nettement avec les joueurs, ou alors à ne pas faire si vraiment ça cause plus de tort qu'autre chose.
Pour la vision du contrat social je suis assez d'accord, néanmoins, même si le JdR est avant-tout plaisir, ça empêche pas, à mon sens, une certaine noirceur dans son contenu qui nous pousse à l'explorer alors qu'on est pas tout à fait à l'aise avec. Un exemple très parlant : on est beaucoup à consommer du cinéma d'horreur (que ça soit du thriller psychologique à de l'ultra gore façon pizza sauce tomate sur les murs) alors qu'on ressent de la peur et parfois du dégoût devant certaines peurs, mais c'est quelque chose qui nous stimule - c'est un peu pour ça qu'on va les voir -.
Et enfin, pour les pdv absents de la fiche mais présent dans la description (merci pour les tips sur les deux auteurs, je me le note pour ma prépa de MJ ), je partais du principe de le rappeler à certains moments d'actions où la blessure est impliquée (ex : à mesure que tu te déplaces, tu sens l'os de ta jambe devenir chaud et douloureux, etc.) ou au moment où le dégât est fait, éventuellement en "reminder" si je veux vraiment alourdir l'ambiance mais il s'agit de la faire sentir dans le jeu plutôt dans l'idée d'un chiffre à consulter pour savoir son état de santé. Je pense que c'est un élement de l'"HUD" du joueur, qui en l'enlevant, te permet une immersion plus totale.
Alors, pour le coup, il ne s'agit pas de vouloir traumatiser des joueurs en leur proposant une expérience avec laquelle ils ne sont pas d'accords. Je pense que c'est le rôle du MJ de prévenir ses joueurs vers quoi ils s'engagent et ce que ça implique, que ça soit pour du sombre ou pas (quand tu te prépares pour du Cthulhu et qu'on t'annonce du Naheulbeuk bien trollesque, tu dois bien faire la gueule). Le but de ma question était justement de recenser des cas où ça arrive afin d'éviter ce genre de travers, comment ça s'est passé, pourquoi, était-ce seulement du fait du MJ ou non, si c'était en lien avec des thèmes précis (la violence, la spiritualité, la sexualité, la torture, etc.), etc etc. ça me permet d'avoir une certaine base de connaissances qui me mettrait en alerte sur certaines choses à clarifier très nettement avec les joueurs, ou alors à ne pas faire si vraiment ça cause plus de tort qu'autre chose.
Pour la vision du contrat social je suis assez d'accord, néanmoins, même si le JdR est avant-tout plaisir, ça empêche pas, à mon sens, une certaine noirceur dans son contenu qui nous pousse à l'explorer alors qu'on est pas tout à fait à l'aise avec. Un exemple très parlant : on est beaucoup à consommer du cinéma d'horreur (que ça soit du thriller psychologique à de l'ultra gore façon pizza sauce tomate sur les murs) alors qu'on ressent de la peur et parfois du dégoût devant certaines peurs, mais c'est quelque chose qui nous stimule - c'est un peu pour ça qu'on va les voir -.
Et enfin, pour les pdv absents de la fiche mais présent dans la description (merci pour les tips sur les deux auteurs, je me le note pour ma prépa de MJ ), je partais du principe de le rappeler à certains moments d'actions où la blessure est impliquée (ex : à mesure que tu te déplaces, tu sens l'os de ta jambe devenir chaud et douloureux, etc.) ou au moment où le dégât est fait, éventuellement en "reminder" si je veux vraiment alourdir l'ambiance mais il s'agit de la faire sentir dans le jeu plutôt dans l'idée d'un chiffre à consulter pour savoir son état de santé. Je pense que c'est un élement de l'"HUD" du joueur, qui en l'enlevant, te permet une immersion plus totale.
- Danilo
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Oui, j'ai eu Giom sur ma table de Polaris ! Une expérience traumatisante pour moi MJ, et certainement pour les autres PJ aussi. Le voir effectuer en secret des rituels malsains à la gloire de Dlul puis imposer à toute la table les vibrations caverneuses de son larynx a été une expérience douloureuse...Vespéral a écrit :Avez-vous connu des expériences psychologiques en terme de JdR que vous avez refusé, que c'était trop, que vous préféreriez oublier ? Ou, au contraire, avez-vous apprécié être chamboulé(e) lors de vos parties afin d'en faire parfois des cauchemars la nuit qui suit ?
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- giom
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Marrant moi ma pire expérience à été de "jouer" avec MJ Danilo.
Mais c'est vrai que j'ai rattrapé 2 ans de sommeil en retard !
Pour revenir au sujet tout est en effet ds le contrat social et ludique.
Si tu viens pour une partie avec bcp de libertés mais que le MJ propose un scénario linéaire et fermé ; si tu cherches une immersion réelle et que le MJ offre un moment détente avec une profondeur modérée... forcément il y aura déception
Et ça marche ds les 2 sens.
Et ceci prend encore plus sens qd on aborde des thématiques politiques (au sens large) ou qui sont hors des sentiers battus (horreur, gore, sexe...). En effet si tu ne connais pas tes joueurs ou au moins leurs attentes et que le périmètre n'est pas partagé tu peux avoir qq soucis a minima de mauvais moments passés.
Perso une expérience qui m'a bcp marquée était sur un Cthulhu sur lequel MJ et PJs se connaissaient tous sauf moi.
Ambiance année 1890 avec des personnages extrêmes et ce qui va avec. Au début les blagues racistes, le misogynisme, la violence gratuite, le non respect de l'humain, etc est dur à accepter et choque vraiment
Et puis, avec la prise de recul et la confirmation que l'on est ds l'interprétation d'un rôle et non un exutoire à pulsions malsaines on arrive à une vraie expérience de jeu qui laisse d'excellents souvenirs.
... et là on ne risque pas de s'endormir même 30min après la partie
Voilà pour un partage d'expérience
Mais c'est vrai que j'ai rattrapé 2 ans de sommeil en retard !
Pour revenir au sujet tout est en effet ds le contrat social et ludique.
Si tu viens pour une partie avec bcp de libertés mais que le MJ propose un scénario linéaire et fermé ; si tu cherches une immersion réelle et que le MJ offre un moment détente avec une profondeur modérée... forcément il y aura déception
Et ça marche ds les 2 sens.
Et ceci prend encore plus sens qd on aborde des thématiques politiques (au sens large) ou qui sont hors des sentiers battus (horreur, gore, sexe...). En effet si tu ne connais pas tes joueurs ou au moins leurs attentes et que le périmètre n'est pas partagé tu peux avoir qq soucis a minima de mauvais moments passés.
Perso une expérience qui m'a bcp marquée était sur un Cthulhu sur lequel MJ et PJs se connaissaient tous sauf moi.
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Et puis, avec la prise de recul et la confirmation que l'on est ds l'interprétation d'un rôle et non un exutoire à pulsions malsaines on arrive à une vraie expérience de jeu qui laisse d'excellents souvenirs.
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Au départ, je pensais à une faute de frappe, mais c'est en fait mon inculture... C'est le Dieu du bâillementdes rituels malsains à la gloire de Dlul
Dlul
Que le colibri t'accompagne dans ta course vers Huitzilōpōchtli
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Pour moi qui m'apprête à jouer à Cthulhu, tu me fais un peu peur. Mais mon MJ a l'air extra, du coup... je réfléchis.giom a écrit :Perso une expérience qui m'a bcp marquée était sur un Cthulhu sur lequel MJ et PJs se connaissaient tous sauf moi.
Ambiance année 1890 avec des personnages extrêmes et ce qui va avec. Au début les blagues racistes, le misogynisme, la violence gratuite, le non respect de l'humain, etc est dur à accepter et choque vraiment
Et puis, avec la prise de recul et la confirmation que l'on est ds l'interprétation d'un rôle et non un exutoire à pulsions malsaines on arrive à une vraie expérience de jeu qui laisse d'excellents souvenirs.
... et là on ne risque pas de s'endormir même 30min après la partie
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Ne réfléchis pas, fonce ! A toi de te forger tes propres expériences. L'exemple de Giom est somme toute assez extrême dans le sens où ce n'est pas le type d'expérience le plus fréquent, comme en atteste le sujet de ce topic d'ailleurs...Mriya a écrit :Pour moi qui m'apprête à jouer à Cthulhu, tu me fais un peu peur. Mais mon MJ a l'air extra, du coup... je réfléchis.
Le JDR a ce pouvoir magique de pouvoir initier des expériences que l'on ne peut vivre dans la pratique d'autres loisirs. Les cas extrêmes sont rares et dépendent davantage des personnes que des jeux, c'est un peu l'objet du "contrat social" évoqué par Giom.
Donc, pour répondre à la question initiale de Vespéral : non, je n'ai pas le souvenir d'avoir vécu des expériences psychologiquement traumatisantes dans la pratique du JDR. Ceux qui me connaissent peuvent émettre le doute, mais c'est simplement parce qu'on habite à plusieurs dans ma tête... Notez que c'est le cas de beaucoup de rôlistes en fait !
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Re: Les limites, vos pires expériences ?
Pour ajouter mes deux pièces de cuivre à la conversation :
En ce qui me concerne, quand je sais que je vais mener une campagne/un scénario avec du contenu qui peu choquer (ou qui est prévu pour choquer), j'en discute avec mes joueurs à l'avance. En gros, on établi les limites de confort de chacun avant de commencer, pour ne pas avoir "d'accident" en cours de partie.
Par exemple, si je prévois donc de mener un scénario horrifique avec un sérial killer particulièrement créatif en antagoniste principal, je demande à mes joueurs jusqu'à quel point il peuvent encaisser les descriptions gores. Et si un joueur émet effectivement une réserve, soit je modifie mon scénario pour enlever les morceaux gênants, soit je les gardes, mais en les "allégeant" grandement. (plutôt que de décrire minutieusement l'état du corps en charpie de la victime du tueur, je dirait simplement que le corps n'est pas beau à voir en restant très vague). Et s'il y à vraiment un gros blocage, je fait jouer autre chose.
Il ne faut jamais perdre de vue que le JdR est une activité ou tout les participants sont censés s'amuser/passer un bon moment. Donc si quelqu'un est gêné par ce qui est joué, c'est qu'il y à un problème.
En ce qui me concerne, quand je sais que je vais mener une campagne/un scénario avec du contenu qui peu choquer (ou qui est prévu pour choquer), j'en discute avec mes joueurs à l'avance. En gros, on établi les limites de confort de chacun avant de commencer, pour ne pas avoir "d'accident" en cours de partie.
Par exemple, si je prévois donc de mener un scénario horrifique avec un sérial killer particulièrement créatif en antagoniste principal, je demande à mes joueurs jusqu'à quel point il peuvent encaisser les descriptions gores. Et si un joueur émet effectivement une réserve, soit je modifie mon scénario pour enlever les morceaux gênants, soit je les gardes, mais en les "allégeant" grandement. (plutôt que de décrire minutieusement l'état du corps en charpie de la victime du tueur, je dirait simplement que le corps n'est pas beau à voir en restant très vague). Et s'il y à vraiment un gros blocage, je fait jouer autre chose.
Il ne faut jamais perdre de vue que le JdR est une activité ou tout les participants sont censés s'amuser/passer un bon moment. Donc si quelqu'un est gêné par ce qui est joué, c'est qu'il y à un problème.
"As creators, we're only as good as the obscurity of the references we steal from" - Matt Colville