Journal de Kardar

Modérateur : Gulix

Répondre
Avatar du membre
giom
D20
D20
Messages : 1798
Enregistré le : 01/10/2010 à 15:11
Localisation : Trou du c.. de la campagne Bretonne, au nord de la Loire

Journal de Kardar

Message par giom »

« 23ème jour du mois des Floraisons

Ma très chère Mère,

Quand je suis parti, Père a clamé : « Pars ! Reviens en héros ou ne reviens pas ! ». Ses paroles sont restées gravées dans ma mémoire et depuis plus d’un mois je ressasse chaque jour ces mots. Je sais qu’il n’approuverait pas cette lettre. Mais j’ai besoin de vous raconter, Mère.

Un mois déjà. Je me souviens de ce jour, sous la pluie froide, sur les quais de la Sinueuse à Naëscence. Mais ce n’est pas la pluie qui me gênait mais plus la rudesse de ce départ. Le fait d’arriver seul. De me dire que peut-être que je ne vous reverrai jamais. Me demander si je serai à la hauteur. Est-ce que je réussirai à rendre fier Père ?
Voir quatre autres enfants, seuls, comme moi, arrivés sans escorte ou sans leurs parents, pour la plupart a atténué un peu cette douleur.

Il faut que je te parle d’eux.
Il y a Ksam Lhlaam, dit le Colossal – et c’est vrai qu’il est imposant, physiquement – qui écoute l’invisible. La devise de sa famille est « Le Destin est écrit ». Je n’aime pas trop ce principe, ça veut dire que nos actions ne peuvent influencer sur le destin. Mais bon ce ne sont que des devises même si le vieux Bren a toujours dit que les devises définissent ce que nos familles représentent et par là même ce que nous sommes. Il est très en retrait. Timide. Voir j’ai l’impression qu’il a peur ou qu’il se méfie de nous.
Il y a Darbane le Spontané, qui saigne de plomb. Il est plus petit que nous. D’un an. Mais je l’aime bien. On rigole bien. C’est mon ami. La devise de sa famille est « Fais bien et laisse dire ».
Il y a Mëlir le Sage. Bizarre d’être appelé le sage à 12 ans. Mais c’est vrai qu’il est plus calme et posé que les autres. Il est même un peu triste des fois, à jamais vouloir s’amuser et toujours réfléchir avant d’agir. Mais il est gentil quand même. Son surnom c’est qui illumine l’obscur. Et la devise de sa famille : « ne craint pas l’inconnu mais méfie-toi de l’ignorant ». Le temps qu’il déclame sa devise et réfléchisse et trois orphelins ont pu être dévorés par les loups !
Et enfin il y a Daënen la Mystique. C’est vrai qu’elle est intrigante. Je sais pas si vous voyez qui c’est, Mère, mais elle était là au mariage d’oncle Valaran. Mystique, ça lui va bien. Elle est un peu bizarre. Et puis elle est vieille. Elle a presque 13 ans ! qui change de visage, c’est son surnom. Je ne sais pas si c’est pour de vrai ou juste qu’elle passe du sourire aux larmes et à la colère en un battement de cil. En même temps c’est un peu toujours ça avec les filles. Enfin, sauf vous, Mère.

Nous avons voyagé pendant un mois, tous les quatre, avec deux gardes. Des adultes. Mais ils ne sont pas très intéressants. Ils nous considèrent comme des enfants et ne nous parlent pas trop. Peut-être sont-ils jaloux du fait que nous soyons des Héritiers ?
Nous avons suivi la Sinueuse à travers les Vertes Prairies. Puis avons traversé l’Aride Savane avant d’arriver enfin à l’avant-poste d’Allombre. Je m’attendais à une petite ville. Ou au moins un fort. Mais c’est ridicule et tout petit. A peine la moitié de la taille des écuries familiales. Ca fait bizarre.
Par contre, la falaise est impressionnante. Elle semble presque aussi grande que le palais de l’Empereur, puisse-t-il régner éternellement.
Quatre soldats vivent dans ce minuscule fortin. Mais je ne sais pas trop ce qu’ils font à part jouer aux cartes. Ils ne protègent pas grand-chose en tout cas et ne sont pas curieux. Ils disent qu’un wyrm d’eau a attaqué l’ascenseur mais ils n’ont pas cherché à le chasser ni même à en apprendre plus.
Avec mes compagnons, c’est l’occasion de mettre en avant nos talents. Surtout moi. J’ai sorti à mains nues la cage d’ascenseur de l’eau. Le vieux Bren m’a toujours dit qu’un exploit n’a de valeur qu’aux yeux de ceux qui te regardent. Je ne suis pas d’accord. On ne doit pas agir en héros que quand des gens nous regardent. Mais bon là c’est vrai que les gardes ils s’en fichaient un peu.
La cage d’ascenseur était cassée avec des traces de morsures grosses comme ma tête. J’aimerais bien croiser ce wyrm et le vaincre. Ca serait un bel exploit.
En tout cas impossible de réparer. Je voulais escalader l’immense falaise mais le destin a décidé d’envoyer un marchand sur un grand arachne. Guri Nagonef. Il travaille pour les Pétales de Soleil, une guilde de marchands de lotus. Peut-être les connaissez-vous, Mère ?
Il s’est proposé de nous conduire jusqu’aux Spires.

Le voyage s’est donc poursuivi sur le dos de l’animal. Il sent autant que les 30 wardogues du chenil de Père ! Mais c’est vrai qu’au moins c’est pratique pour voyager sur tout type de terrain. On a traversé les gorges de la Promesse d’Alsar. C’est une végétation luxuriante. L’Empire regorge vraiment de merveilles.

Nous sommes arrivés enfin aux Spires, hier. Nous avons été accueillis par le chef des gardes, Avesender Torico. Il est pas très sympa non plus.
Beaucoup de choses se sont passées récemment. La maladie. Des barbares qui ont attaqué les gens sur place alors qu’ils vivaient en paix depuis des années. Et puis une cueilleuse qui a disparu !
La prêtresse de la Puit nous accueille : Ma-Donga. C’est la première personne qui nous parle avec respect depuis qu’on est parti. Elle est impressionnante. Grande et forte. Et on sent que c’est elle qui commande ici !
Aujourd’hui nous devions accompagner Otagine le Chasseur pour retrouver la cueilleuse. Et en fait, Otagine nous a lâché pour partir sur la piste du wyrm. J’espère qu’il ne le trouvera pas. C’est mon combat. Mon trophée.
Nous sommes donc partis sans lui. Nous n’avons pas eu besoin de lui, de toute façon car nous avons trouvé Sephira, la cueilleuse.
Nous avons été attaqués par des sortes de hyènes. Le soldat qui nous accompagnait a très vite été dévoré. Je suis descendu dans le trou dans lequel Sephira était tombée et puis je l’ai aidée à remonter. Et après, j’ai sauvé mes compagnons dans le combat. J’ai tué au moins cinq hyènes avant que les autres ne fuient. Mon premier fait d’arme.
Clairement, je suis bien meilleur que mes compagnons. C’est moi qui doit devenir un héros de l’Empereur, puisse-t-il régner éternellement.

Je vous embrasse, Mère.
Vous me manquez.

Kardar. »
Répondre

Retourner vers « Sous les Frontières »