La journée est courte pour préparer une telle opération mais tous s'activent et rapidement tous les hommes promis grecs, latins et arabes, sont disponibles. Après une après midi de palabres, il est décidé que des marins de
Gianni partiront en avance avec
Michel Eladre pour observer les lieux et lancer une rixe, tandis qu'arriveront un premier groupe de gardes grecs pour éviter l'émeute et enfin les latins menés par
Bertrand de Merfort.
Le groupe choisit de sécuriser les arrières et de s'infiltrer dans les égouts par l'
acqueduc de Valens, seul noeud du réseau d'égouts vraiment praticable pour qui viendrait du Zeugma selon leurs informations. Ils emmènent avec eux
l'écuyer d'Artaud, qui sera chargé de surveiller l'entrée de l'Acqueduc et les prévenir des avancées de la situation à l'extérieur.
Alors que
les marins accompagnés de
Michel négocient leur passage dans le Zeugma auprès d'un premier groupe de miliciens anglais et valaques, se rendant compte que la zone est patrouillée, le groupe approche de l'acqueduc.
Eux aussi ont une mauvaise surprise lorsqu'ils s'aperçoivent qu'un groupe de miliciens garde aussi l'entrée des souterrains. Mais ils savent qu'ils ont frappé à la bonne porte lorsqu'ils repèrent parmi eux un
danois accompagné de trois chiens ... qui correspond parfaitement à la description du kidnappeur du fils de Probiotis.
Les miliciens sont vites mis à mort et camouflés dans les égouts, tandis qu'
Entremont, le jeune écuyer, réussit, non sans mal, à calmer l'un des limiers et tente de le récupérer. Le jeune homme est donc posté à l'entrée pour les avertir de tout problème, et l'équipe s'engage dans les égouts.
A peine arrivés dans la taverne,
Michel et les marins s'installent à une table de jeu, repérant les quelques hommes de mains dans la pièce. Il s'agit plus de gros bras que de vrais soldats, mais ils sont deux à l'entrée, un à l'étage et encore deux devant un rideau dans le fond de la salle qui pourrait bien être le passage vers le sous sol. L'éclaireur veut prévenir les latins que la zone est patrouillée. Il attends donc quelques lancés de dés pour ressortir "pisser un bol", quand les gardes à la porte lui demandent ... et se faufile discrètement, passant un groupe de miliciens puis la troupe de grecs, jusqu'à
Merfort et ses hommes, arabes et latins.
Dans les égouts, les compagnons doivent se faire particulièrement discrets car ils remarquent que les rares zones sèches montrent des signes clairs de passage, voir d'habitation. A plusieurs reprises ils doivent rebrousser chemin lorsqu'ils entendent des voix, repèrent la lumière d'une torche, au tombent face à un éboulis au bout d'un conduit.
Lors que
Michel Eladre revient à la table, le jeu s'est animé, car
l'un des turcs, gagnant, a payé sa tournée pour égayer les esprits. Les joueurs peuvent remarquer, alors que quelques parties ont déjà étés jouées, que
deux hommes au visage masqués descendent l'escalier et, sans même un signe de tête aux gardes, s'engouffrent derrière le rideau au fond de la pièce. L'un, grand et mince, à l'allure athlétique, porte un masque à tête de renard et au sourire narquois, l'autre, de taille moyenne, porte un masque vénitien aux couleurs bleutées, représentant un enfant joufflu au regard naïf. L'ambiance est plutôt conviviale et, l'alcool jouant lui aussi son rôle, les voix portent dans un un brouhaha enjoué quand
la maître assassin pénètre dans la taverne. Elle doit prendre sur elle pour ne rien montrer car personne ne pourrait se douter qu'elle est gravement blessée à l'allure décontractée qu'elle feint en entrant. D'une oreille aiguisée,
Michel l'entend demander au patron si tous sont arrivés, lorsqu'il confirme, elle lui dit simplement que la réunion va pouvoir commencer, qu'elle a juste une bricole à voir avec un de ses hommes à l'étage avant de descendre. Le tenancier envoie un jeune serviteur derrière le rideau alors qu'elle se dirige, parfaitement détendue en apparence, vers l'escalier.
A peine a-t-elle commencé à grimper que
Michel et les marins commencent à mettre de l'ambiance, accusant l'un des grecs de tricherie. La tension monte aussitôt, et en un instant la table est renversée. Tous les joueurs se retrouvent au corps à corps, forçant un garde de l'entrée et celui de l'escalier à venir tenter de calmer la situation. Rapidement la bataille dégénère,
les marins turcs commençant à perdre le dessus tandis que l'éclaireur tandis que l'éclaireur, qui a tenté d'enflammer le rideau masquant le sous sol, a attiré l'attention des deux gardes qui n'ont pas bougé de leur poste.
Dans les égouts, l'odeur est si insoutenable que tous ont trouvé un bout de tissu ou autre pour se protéger le nez. L'eau croupie chargée de déjections leur arrive au genoux, et, après des centaines de détours, ils pensent être dans la bonne direction lorsqu'ils débouchent sur un conduit assez large pour être trois de front.
Dans la taverne, les gardes grecs arrivent bientôt, mais cela n'apaise pas les locaux qui voient d'un mauvais œil l'entrée des gardes de la ville, et se lancent maintenant tous dans la mêlée "
pour défendre leur territoire". Alors latins et musulmans, menés par
Merfort, arrivent à la porte et font une percée à vers le bar,
Michel remarque un
grec au comportement étrange, qui se dirige dans la cohue vers le rideau du fond de la salle. Il tente de l'intercepter mais le grec, particulièrement rapide, le saisi en un mouvement et bloque le latin en clef de bras avant de lui murmurer à l'oreille :"
on du même côté", serait-il
l'homme de Constantin Lascarsis infiltré chez les Iasonas ? Comme pour confirmer ces dires, il le relâche aussitôt et s'en prend à l'un des garde du rideau, que
Michel désigne aussitôt à
Merfort. Le chevalier mène donc la charge vers le sous sol mais, trop sûr de lui, ne fait que blesser le second garde qui riposte violemment d'un coup de gourdin, écrasant le nez de l'infortuné
Bertrand. Il est rattrapé de justesse par
Michel. C'est dans une demi-conscience qu'il entend les cris de ses hommes, annonçant que des miliciens valaques les prennent à revers.
Mahmud, Thalia, Gianni et Artaud ont bientôt la confirmation qu'ils sont sur la bonne piste quand la lumière d'une torche point au bout du conduit, accompagnée des sons d'une marche accélérée dans la fange. C'est un groupe de 6 personnes qui leur fait bientôt face, l'épée au clair dès qu'ils se rendent compte de la présence des compagnons.
Quatre sont grecs, le visage découvert, et correspondent à la description des chefs de la maison Iasonas, deux femmes et deux hommes. Les deux autres sont masqués, l'un porte un
masque de renard au sourire narquois et le second un masque vénitien de chérubin bleuté, portant un coffre d'ivoire sous le bras ...
Les deux hommes masqués se reculent d'un pas, le renard couvrant le chérubin, tandis que les quatres grecs font front.
Mahmud a juste le temps de décocher une flèche, blessant l'un des grecs avant que le corps à corps ne s'engage.
Artaud et Thalia sortent chacun leur adversaire d'un simple geste, tandis que
Gianni peine quelques temps sur le troisième larron formant la première vague. La dernière, poussant du pied le cadavre de son compagnon tente de pourfendre
Thalia mais cette dernière réagit bien trop rapidement, et en quelques secondes supplémentaires
les quatres chefs du clan ne sont plus que des cadavres flottants à la surface de l'eau souillée. Sortant calmement dague et gladius,
l'homme au masque de renard émet un rire clair en s'avançant d'un pas, tandis que
le chérubin au coffre, lui, recule.
Le chevalier Artaud a remarqué que le renard l'a observé lors des passes d'armes précédentes, et c'est méfiant qu'il s'approche.
Aussitôt le choc du métal contre le métal résonne dans le tunnel lorsque les lames s'entrechoquent. Alors que
le chevalier tente d'ouvrir la garde de son adversaire grâce à son bouclier,
le renard, défendant, tente un désarmement qu'
Artaud évite de justesse.
Thalia essaie d'en profiter pour les contourner et charger
le chérubin directement, mais les cadavres la gènent et
le renard s'interpose d'un mouvement vif. Gianni lui aussi cherche à se rapprocher, mais les cadavres et l'eau le ralentisse et le
renard met
Thalia entre lui et
le pirate, restant hors d'atteinte. Alors le
renard reprend l'initiative et tente d'ouvrir à son tour la garde d'
Artaud, mais ce dernier est solide et riposte en frappant le bras droit du
renard, qui dans un grognement sourd maintient sa prise et garde sa dague en main.
Gianni en profite pour se rapprocher et, malgré un violent coup de hache aux jambes, est esquivé par celui qui semble être un combattant hors paire.
Artaud a gardé la main et l'attaque de
Gianni a détourné l'attention de leur adversaire, il attaque donc le renard à la tête et, lorsque ce dernier tente de parer, change subrepticement la direction de son coup, à nouveau sur la main droite. Le choc est brutal et une gerbe de sang s'échappe de la profonde entaille dans le gant de l'homme masqué. Grâce à celà,
Thalia réussit enfin à le contourner et se rue sur
le chérubin, qui lâche le coffre pour tenir sa dague longue à deux mains.
Gianni revient lui aussi à la charge et l'esquive du renard, blessé, est trop courte, il est à nouveau entaillé à la cuisse, ce qui permet à
Artaud de finir le travail. D'un coup puissant il vient sur l'épaule du renard et l'épée, en un instant, se retrouve fichée dans le torse, passant la clavicule jusqu'au cœur.
Alors que les deux survivants se retourne pour voir où en est
Thalia, que
Mahmud vient de rejoindre, il ont juste le temps de l'apercevoir passer son gladius au travers l'épaule
du chérubin. A cet instant, elle voit, derrière le masque, ses yeux se révulser, et tous sont pris de spasmes alors qu'un éclat comme le tonnerre emplit le tunnel, leur brûlant les yeux et le cœur. Artaud met longtemps quelques temps à reprendre ses esprits mais tous sentent leurs muscles tétanisés alors qu'ils émergent comme d'un mauvais rêve. Le coffre en ivoire flotte devant eux, ouvert, il ne reste qu'un manuscrit apparemment ancien et quelques pierres, sans doute précieuses, à l'intérieur. Les cadavres flottent toujours autour d'eux, dans un flot de sang et de déjections, mais pas de traces de l'homme au masque de chérubin. Quand à comprendre ce qu'il vient de se passer ...
Il n'ont pas longtemps pour y réfléchir car
Michel et
Bertrand, tout deux blessés, approchent par les égouts, du même côté que
les Iasonas, et leur apprennent que l'attaque de la maison de jeu a été un massacres, deux groupes de miliciens valaques et anglais ayant rejoint les locaux, appuyés ensuite par des riverains en grand nombre, et que leurs troupes ont étés submergées. Selon eux,
les marins de Gianni ne s'en sont pas sortis, et des les troupes qui ont participé à l'opération, il y avait déjà quelques morts et un grand nombre de blessés avant leur fuite, tandis que dans la cohue la torche qu'avait lancé
Michel commençait à enflammer le bâtiment. Alors que les deux survivants leur expliquent la situation en haut,
Artaud, impressionné par les compétences de son adversaire, veut connaître son visage et lui retire le masque de renard. Sa surprise est grande quand il découvre
Constantin Acherias, l'un des quatre grands généraux de l'empereur ! Il sait qu'il aura besoin d'une preuve quand il expliquera ça tant à
Baudoin de Flandres qu'au nobles grecs. Il récolte la meilleure preuve qu'il soit quand un cri d'alerte leur parvient atténué et transformé par l'écho, du fond des égouts, d'une voix ressemblant fortement à celle de
l'écuyer d'Artaud.